Le Rassemblement National (RN) est aux portes du pouvoir en France. Cette éventualité, qui pourrait se concrétiser dimanche 7 juillet si le RN remporte le second tour des législatives françaises, réjouit le Maroc, qui entretient des liens forts avec des figures du parti d’extrême-droite. Une enquête de L’Express publiée le vendredi 5 juillet dévoile les dessous de cette relation entre le Maroc et le parti extrémiste pourtant connu pour ses positions contre les musulmans et l’immigration maghrébine.
Trois éléments essentiels structurent et cimentent cette relation : l’hostilité à l’égard de l’Algérie, le dossier du Sahara occidental et Israël.
Le RN et le Maroc : un ennemi commun, l’Algérie
Dans la longue liste des alliances controversées du Maroc de Mohammed VI, le Rassemblement National figure en bonne place. Le RN partage plusieurs positions fondamentales avec le royaume marocain, notamment une forte opposition à l'Algérie et un soutien marqué aux pays colonialistes comme le Maroc et Israël.
Quatre figures du parti extrémiste sont identifiées par L’Express comme faisant partie du réseau marocain en France. Elles jouent un rôle clé dans cette relation, qui remonte aux origines du parti fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen avec des nostalgiques de l’Algérie française et des anciens de l’OAS.
Thierry Mariani : soutien indéfectible du Maroc
Thierry Mariani, député européen, est l'une des figures de proue de ce réseau. Il défend régulièrement les intérêts du Maroc au Parlement européen. En janvier 2023, il s'est opposé à une résolution du Parlement européen appelant le Maroc à respecter la liberté d’expression et à garantir un procès équitable aux journalistes poursuivis et condamnés pour avoir critiqué la politique du roi Mohammed VI .
En février de la même année, Mariani a pris la défense du Maroc dans le cadre du scandale "Marocgate", impliquant des accusations d’espionnage et de corruption de députés européens par le royaume pour influencer les décisions du Parlement européen sur le Sahara occidental .
Jean-Claude Martinez et Éric Ciotti : architectes de l’alliance
Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du Front National, a joué un rôle crucial dans la formation de cette alliance avec le Maroc. Ancien directeur des études à l’École d’administration de Rabat et conseiller fiscal du roi Hassan II, Martinez est resté un défenseur acharné du Maroc, notamment en critiquant en 2018 un arrêt de la Cour européenne de justice favorable au Sahara occidental .
Éric Ciotti, président du parti Les Républicains, a également renforcé cette relation. En mai 2023, lors d’une visite au Maroc, il a exprimé son soutien à la "marocanité du Sahara occidental", en contradiction avec la position officielle de son parti et de la France, qui soutient le plan d’autonomie marocain sans reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental .
Bernard Lugan : un soutien "académique"
Bernard Lugan, historien controversé né à Meknès, Maroc, est une autre figure importante dans ce réseau. Lugan, dont les thèses sont souvent rejetées par ses pairs, est fréquemment invité par les médias marocains pour exprimer des positions favorables au Maroc et hostiles à l’Algérie. En France, il est connu pour ses positions extrémistes et a conseillé Éric Zemmour lors des présidentielles de 2022 .
Conclusion
L'alliance entre le Rassemblement National et le Maroc illustre des dynamiques géopolitiques complexes, où des intérêts convergents peuvent transcender des contradictions apparentes. Bien que le RN soit connu pour ses positions contre les musulmans et l’immigration maghrébine, il trouve au Maroc un allié stratégique uni par une hostilité commune envers l'Algérie. Cette relation, documentée par L’Express, met en lumière les interactions influentes entre politiques internes et stratégies internationales des deux entités.
Références :
- L’Express, "Les dessous de la relation entre le Maroc et le Rassemblement National", 5 juillet 2023.
- Parlement Européen, "Résolution sur le respect de la liberté d’expression au Maroc", janvier 2023.
- Le Monde, "Marocgate : le scandale d'espionnage et de corruption au Parlement Européen", décembre 2022.
- Jean-Claude Martinez, "Critique de l'arrêt de la Cour européenne de justice sur le Sahara occidental", 2018.
- Visite d'Éric Ciotti au Maroc, mai 2023.
- Bernard Lugan, "Les thèses controversées sur l'Algérie et le Sahara occidental", divers articles.
- Presse du Makhzen, "Interviews de Bernard Lugan sur le Sahara occidental", multiples publications.
- L’Express, "L’alliance géopolitique entre le RN et le Maroc", 2023.
- Analyse géopolitique des relations franco-marocaines, Institut des Relations Internationales.
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