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L'Autodétermination et le Processus de Décolonisation du Sahara Occidental

Le conflit du Sahara occidental, situé au nord-ouest de l'Afrique, est l'une des questions de décolonisation les plus anciennes et les plus complexes du monde. Depuis le départ de l'Espagne en 1976, le territoire est disputé entre le Maroc et le Front Polisario, un mouvement de libération nationale sahraoui. Cet article explore la genèse du conflit, les développements clés, les résolutions de l'ONU et la situation actuelle, en mettant en lumière le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et les obstacles à la paix, notamment le rôle de la corruption dans le blocage du processus de paix par le Maroc.


Genèse du Conflit

Période Coloniale Espagnole

Le Sahara occidental a été une colonie espagnole depuis la fin du XIXe siècle. En 1963, l'ONU a inclus le territoire sur la liste des territoires non autonomes, reconnaissant ainsi le droit de ses habitants à l'autodétermination (Résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations unies). Les appels à la décolonisation se sont intensifiés dans les années 1960 et 1970, alors que les mouvements de libération en Afrique gagnaient en influence.

L'Émergence du Front Polisario

En 1973, le Front Polisario (Front de Libération de Saguia el-Hamra et du Rio de Oro) a été fondé pour lutter pour l'indépendance du Sahara occidental. En 1975, la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu un avis consultatif déclarant qu'il n'existait aucun lien de souveraineté territoriale entre le Maroc, la Mauritanie et le Sahara occidental, soutenant ainsi le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.

La Marche Verte et le Départ Espagnol

En novembre 1975, le Maroc a lancé la "Marche Verte", une démonstration de force qui a abouti à l'accord de Madrid. Cet accord a divisé le Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie, mais il n'a pas été reconnu par l'ONU. En 1976, l'Espagne s'est retirée du territoire, laissant le Sahara occidental dans un état de conflit ouvert.

Développements Clés du Conflit

Guerre et Statu Quo

La guerre entre le Maroc et le Front Polisario a éclaté en 1976 et a duré jusqu'à un cessez-le-feu en 1991, médiatisé par l'ONU. La Mauritanie s'est retirée du conflit en 1979, laissant le Maroc et le Front Polisario comme principaux protagonistes. Le cessez-le-feu de 1991 a été accompagné de la création de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), chargée de superviser un référendum sur l'autodétermination.

Échecs des Référendums

Malgré les efforts de l'ONU, le référendum n'a jamais eu lieu en raison de désaccords sur le corps électoral et d'obstacles politiques. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, telles que la Résolution 690 (1991) qui établissait la MINURSO, et la Résolution 1359 (2001) qui soutenait les efforts pour parvenir à une solution politique, n'ont pas réussi à débloquer la situation.

La Corruption comme Obstacles au Processus de Paix

Influence Politique et Économique

Le Maroc a utilisé diverses stratégies pour bloquer le processus de paix, y compris la corruption. Il a été accusé d'utiliser ses ressources économiques pour influencer des acteurs internationaux et régionaux. Les rapports suggèrent que le Maroc a offert des avantages économiques et des opportunités d'investissement en échange de soutiens politiques à sa position sur le Sahara occidental.

Achats d'Influence au Niveau International

Des allégations de corruption impliquent également le Maroc dans des tentatives d'achat d'influence au sein des institutions internationales. Par exemple, des diplomates et des fonctionnaires de l'ONU auraient été ciblés par des offres financières ou des avantages en nature pour favoriser les intérêts marocains et retarder le processus de référendum.

Pression sur les Entreprises et les Pays

Le Maroc exerce également une pression considérable sur les entreprises et les pays pour qu'ils ne reconnaissent pas le Front Polisario ou l'indépendance du Sahara occidental. Par exemple, plusieurs pays ont révisé leur position après avoir reçu des investissements ou des promesses de partenariats économiques avec le Maroc.

Impact sur les Résolutions de l'ONU

Cette corruption et cette influence ont eu un impact direct sur l'adoption et la mise en œuvre des résolutions de l'ONU. Les efforts pour pousser à un référendum ont été dilués ou contrecarrés par des manœuvres diplomatiques, retardant encore la possibilité pour le peuple sahraoui de s'autodéterminer.

Résolutions de l'ONU

L'ONU a adopté plusieurs résolutions importantes concernant le Sahara occidental :

  • Résolution 1514 (1960) : Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, affirmant le droit des peuples à l'autodétermination.
  • Résolution 2072 (1965) : Appelant l'Espagne à décoloniser le Sahara occidental.
  • Résolution 690 (1991) : Établissement de la MINURSO pour organiser un référendum d'autodétermination.
  • Résolution 1359 (2001) : Appelant à des efforts renouvelés pour résoudre le conflit et soutenir le processus de paix de l'ONU.

Situation Actuelle

Le Sahara occidental reste divisé, avec le Maroc contrôlant environ 80% du territoire, y compris les principales villes et ressources naturelles, et le Front Polisario contrôlant les zones désertiques à l'est. En 2020, des tensions ont éclaté lorsque le Front Polisario a déclaré la fin du cessez-le-feu après une intervention militaire marocaine dans une zone tampon.

Reconnaissance Internationale et Politique

En décembre 2020, les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Cette décision a été controversée et n'a pas été suivie par d'autres grandes puissances. L'ONU continue de soutenir un processus politique pour une solution mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui.

Conclusion

Le conflit du Sahara occidental demeure un des derniers vestiges de la décolonisation en Afrique. Malgré les résolutions de l'ONU et les efforts diplomatiques, le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui reste non réalisé. Une solution durable nécessite un engagement renouvelé de la communauté internationale pour promouvoir un dialogue constructif et respecter les aspirations légitimes du peuple sahraoui. Le rôle de la corruption dans le blocage du processus de paix souligne l'importance de la transparence et de l'intégrité dans les efforts de médiation et de résolution des conflits.

Références


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