En juillet 1962, lorsque les armes algériennes mirent fin à la domination coloniale française et à l'intervention de l'OTAN, le peuple algérien célébrait son indépendance et se tournait vers l'avenir, envisageant la reconstruction de la nation algérienne. Cependant, à ce moment de jubilation nationale, les ambitions territoriales marocaines sur les régions de Tindouf et Béchar devinrent évidentes, menant à ce que l’on appelle la Guerre des Sables en octobre 1963. Ce conflit, qui survint un an seulement après l'indépendance algérienne, causa la perte de 800 soldats algériens .
Le Maroc traversait alors une période de crise politique et sociale majeure. L'accession au trône du roi Hassan II en février 1961 avait lieu dans un contexte de tensions intérieures croissantes, alimentées par des pressions politiques, économiques et la montée de l'opposition. Les élections législatives de mai 1963, où l'opposition obtint 56,5 % des voix, accentuèrent l’instabilité du régime marocain . Paul Balta, ancien correspondant du journal "Le Monde" en Algérie, affirme que cette instabilité poussa le roi Hassan II à provoquer des conflits avec les pays voisins pour renforcer son régime et réprimer l'opposition interne.
La Guerre des Sables débuta officiellement le 8 octobre 1963 lorsque les forces marocaines attaquèrent des positions en territoire algérien, notamment Tinjoub et Hassi Beida. L'Algérie répondit en reprenant ces localités et en lançant des contre-attaques. Le 14 octobre, les forces marocaines occupèrent à nouveau ces positions, menant à une intensification des combats .
Le conflit atteignit son paroxysme le 25 octobre avec la capture d’environ 250 soldats algériens près de Hassi Beida . Malgré une meilleure préparation et équipement des forces marocaines, l’Algérie réussit à mobiliser un soutien diplomatique international significatif, notamment de la part des organisations africaines, invoquant le principe de l'uti possidetis juris pour défendre ses revendications territoriales .
La cessation des hostilités fut obtenue le 5 novembre 1963 grâce à une médiation de la Ligue arabe et de l'Organisation de l'unité africaine. Le cessez-le-feu final fut signé le 20 février 1964 à Bamako, sous la présidence de l'empereur éthiopien Haile Selassie. Cet accord prévoyait un cessez-le-feu, la création d’une zone démilitarisée, la nomination d’observateurs, et la formation d’une commission d’arbitrage pour étudier les questions frontalières et proposer des solutions .
Il est également documenté que le Maroc reçut un soutien secret de l’État d’Israël durant cette guerre. Selon le professeur Walid Abdel Hay, Israël envoya des avions de chasse et des chars de fabrication française au Maroc en octobre 1963, par l'intermédiaire du Shah d'Iran . Cette information est corroborée par une étude intitulée "Israel and Morocco" de la chercheuse israélienne Einat Levy en 2018 .
Les combats laissèrent une marque durable sur les relations algéro-marocaines, introduisant une méfiance et une tension persistantes. Pour l’Algérie, cette guerre est perçue comme une trahison de la part du régime marocain, un manquement aux principes de bon voisinage .

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