Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ministre algérien, a été interviewé par TSA Algérie où il discute de la signature de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne (UE), du rôle de la diplomatie algérienne et de l'influence de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika.

Points clés de l'entretien
Problèmes de l'Accord d'Association Algérie-UE :
- Rahabi critique l'Accord d'association en expliquant qu'il n'a pas eu l'effet escompté pour l'Algérie. Il déplore le manque de dialogue véritable entre l'Algérie et l'Europe sur des questions cruciales telles que la sécurité régionale, le terrorisme, la migration et les menaces économiques et stratégiques.
- Il souligne que l'Algérie a subi un manque à gagner de 16 milliards de dollars en raison du démantèlement tarifaire progressif prévu par l'accord, alors que les investissements européens en Algérie sont restés faibles.
Rôle de la Gouvernance et de la Diplomatie :
- Rahabi insiste sur l'importance de la bonne gouvernance pour éviter que l'Algérie ne conclue des accords commerciaux désavantageux.
- Il critique l'administration algérienne pour son manque de réformes et sa dépendance à une économie de rente, bloquant ainsi les efforts de modernisation et d'adaptation aux changements économiques mondiaux.
Négociations de l'Accord :
- Rahabi rappelle que l'idée d'une coopération euro-méditerranéenne date des années 1970 et que les discussions sur l'accord ont commencé dans les années 1990, à une époque où l'Algérie traversait une grave crise politique et sécuritaire.
- Il explique que l'accord a été signé dans des conditions défavorables pour l'Algérie, alors en crise économique et terroriste, et critique le manque de consultation de la classe politique et des partenaires sociaux lors de la signature sous Bouteflika.
Critiques de l'Accord et Perspectives d'Avenir :
- Rahabi critique Bouteflika pour avoir signé l'accord rapidement sans en mesurer l'impact économique, le qualifiant d'acte de prestige diplomatique.
- Il appelle à une réévaluation de l'accord d'association et suggère que l'Algérie explore des opportunités de libre-échange avec d'autres régions du monde, notamment l'Asie et les Amériques, pour diversifier ses partenariats économiques.
Faiblesse des Investissements Européens :
- Rahabi note que les investissements européens en Algérie sont faibles malgré les conditions favorables offertes par le pays. Il souligne que l'Europe n'investit en moyenne que 5% de ses investissements au sud de la Méditerranée, contrairement aux États-Unis et au Japon qui investissent davantage dans leurs zones d'influence.
Conclusion
Rahabi plaide pour une large consultation nationale sur les questions économiques et diplomatiques et pour l'intégration des contre-pouvoirs institutionnels et de la société civile dans les processus de décision. Il insiste sur la nécessité de lancer une deuxième série de réformes économiques en Algérie, notamment en matière de subventions énergétiques et de transparence, pour mieux préparer le pays aux défis économiques mondiaux
Commentaires
Enregistrer un commentaire