Les algériens veulent-ils vraiment l'ouverture des frontières avec le Maroc ? (par Belgacem Merbah)

La fermeture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc en 1994, a causé des dégâts très importants dans le tissu économique des régions marocaines frontalières de l'Algérie. En effet, ces régions "marocaines" vivaient exclusivement de la contrebande et du trafic de drogue avec l'Algérie. 

La crise économique dans la région de Oujda s'est accentuée davantage, à partir de 2016 où l'Algérie a entrepris des travaux pharaoniques en creusant des tranchées qui séparent les deux frontières : ces tranchées d’une profondeur de 11 mètres et d’une largeur de 8 mètres ont réduit d’une manière substantielle la contrebande entre le Maroc et l’Algérie.

À partir de 2016, il ne se passe pas une semaine sans que l'on voie des manifestations « spontanées » organisées par le Makhzen marocain, pour supplier les autorités algériennes d'ouvrir les frontières et de mettre fin au calvaire de plus de 4 millions de marocains qui vivaient au crochet de l'Algérie. Côté algérien la mise en place des tranchées a été salutaire pour les Algériens qui habitent les régions frontalières, car cela a été synonyme de fin définitive des pénuries de carburants et de produits de première nécessité qui étaient vendus au Maroc : avant 2016, les habitants de Maghnia faisait plus de 150km pour faire le plein de carburant, car il n'y avait pas de carburants dans les stations-services locales, qui étaient complètement dédiées à la contrebande de carburant avec le Maroc.

Les lamentations marocaines sont indécentes et inopportunes, car l’Algérie a suffisamment fait preuve de bienveillance en prenant en charge plus de quatre millions de marocains pendant plusieurs décennies, sans que la partie marocaine fasse preuve de reconnaissance. Ce que nous avons reçu en retour en tant qu’algériens, ce sont des insultes contre les vivants et les morts (même nos glorieux martyrs n’ont pas échappé aux campagnes de haine marocaines), des calomnies et beaucoup de drogues, des psychotropes et toutes sortes de trafics : trafic d’être humain, prostitution, etc.

L’Algérie a longtemps fait preuve de sang-froid et de retenu, en espérant que son voisin sioniste marocain allait se ressaisir et arrêter ses campagnes haineuses contre notre pays : rien n’a été épargné côté marocain : peuple, histoire, patrimoine, martyrs, symboles nationaux, unité nationale, etc. Face à des comportements malveillants répétés, l’Algérie a été dans l’obligation de mettre fin aux relations diplomatique le 24 août 2021. Cette date a été un tourant dans les relations entre les deux pays d’Afrique du Nord. L’Algérie a changé de paradigme dans sa vision de sa relation avec le Maroc, la bienveillance et le sang-froid ont été remplacée par une politique plus ferme où l’intérêt national est mis au centre des préoccupations, car l’Algérie a compris que le destin commun et les slogans creux de l’Union du Maghreb Arabe n'étaient qu’une chimère à laquelle seuls les Algériens y croyaient sincèrement.

Aujourd’hui, les marocains doivent comprendre que l’Algérie « vache à lait » c’est fini. Objectivement et de manière pragmatique, l’Algérie n’a aucun intérêt à ouvrir les frontières avec un pays narcotrafiquant. Le peuple algérien dans sa grande majorité partage cette analyse. Les arguments de fraternité et de destin commun ne marchent plus avec les Algériens, car les faits et les actes disent le contraire, peut-on être des frères avec des personnes qui considèrent que 35% du territoire algérien est marocain ou qui insultent nos martyrs ou qui se moquent des crânes algériens dans le musée de l’Homme à Paris ?

Les Algériens ont tourné définitivement la page du Maroc et se sont tournés vers des nouveaux partenariats d’avenir comme les BRICS, route de la soie, etc. N’importe quelle relation ne peut pas être à sens unique, il faut qu’elle soit bénéfique pour les deux parties, ce n’a pas été le cas avec le Maroc et l’Algérie en a tiré toutes les conséquences. À bon entendeur, salut !