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Méga projet de Gara Djebilet : Pourquoi ce projet focalise l'intérêt des médias marocains ? Le Maroc est-il vraiment dans son bon droit ? La convention signée en 1973 est-elle vraiment contraignante pour l'Algérie ?

Depuis que le gouvernement algérien a décidé de relancer le projet stratégique de la mine de Gara Djebilet (1), la presse marocaine, officielle et non officielle, s’est empressée de s’emparer du sujet, invoquant un prétendu droit historique du Maroc sur cette mine. Selon la partie marocaine, Hassan II aurait accepté le tracé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie en échange d’un droit d’usufruit sur la mine de Gara Djebilet. Hélas pour les Marocains, les documents signés et ratifiés entre les deux pays racontent une tout autre histoire (2). Nous reviendrons sur ce point en détail dans cet article, afin de démonter une fois pour toutes cette propagande marocaine destinée à un public interne, dont l’objectif est de maintenir le peuple marocain dans l’illusion d’un retour à une grandeur passée, qui n’a en réalité jamais existé.



Avant de répondre aux affirmations marocaines, commençons par présenter brièvement le méga-projet de Gara Djebilet : de quoi s’agit-il exactement ?

1) Le méga projet de Gara Djebilet en quelques mots

La mine de Gara Djebilet, située dans la wilaya de Tindouf en Algérie, est entrée en exploitation en juillet 2022. Elle figure parmi les plus grandes mines de fer au monde, avec des réserves estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont 1,7 milliard sont exploitables. Le gisement s’étend sur plus de 131 km² et renferme environ 2 milliards de tonnes de minerai, affichant une teneur en fer de 58,57 %.


L'exploitation industrielle du minerai de Gara Djebilet se déroule en deux phases :

  • Phase 1 (2022-2025) : une production annuelle de 2 à 3 millions de tonnes de minerai est prévue.
  • Phase 2 (à partir de 2026) : avec la mise en service de la ligne ferroviaire reliant Gara Djebilet à Abadla (wilaya de Béchar), la production atteindra 50 millions de tonnes par an.

Ce projet va bien au-delà de la simple extraction de minerai. L’objectif est de créer une chaîne de valeur complète, permettant de transformer le minerai en produits à forte valeur ajoutée. Il s'agit donc d’un projet intégré qui positionnera l’Algérie comme un acteur majeur de l’industrie sidérurgique mondiale, tout en éliminant la nécessité d’importer du minerai de fer (l'Algérie importe actuellement pour 1 milliard de dollars par an). Les revenus attendus sont estimés à au moins 10 milliards de dollars d'ici 2026.


2) Pourquoi ce projet focalise l'intérêt des médias marocains ?

Le contexte étant désormais clarifié, examinons l’intérêt des médias marocains pour ce projet algérien. Il est bien connu que la liberté de la presse n'existe pas au Maroc : les journalistes indépendants et intègres y sont soit emprisonnés, soit contraints à l'exil. Les médias marocains servent avant tout de porte-voix aux orientations politiques du pays. Depuis son indépendance, le Maroc a déployé d’importants efforts pour ancrer dans l’opinion publique la théorie du "Grand Maroc" à travers les programmes scolaires, la propagande audiovisuelle, la constitution, et autres moyens. Le nationalisme marocain repose ainsi sur trois piliers :

  1. L’hostilité envers l’Algérie : plus les critiques contre l'Algérie sont virulentes, plus l’auteur de ces propos est perçu comme un patriote au Maroc ;
  2. L'adhésion aux thèses expansionnistes : croire et promouvoir l’idée que le Maroc doit récupérer le Sahara occidental et d’autres territoires supposément nécessaires à l'intégrité territoriale du pays, selon la théorie du "Grand Maroc" ;
  3. L'adoration du roi : qui, selon la constitution marocaine, est considéré comme une figure sacrée et inviolable.

La presse marocaine se doit donc de suivre fidèlement la ligne officielle du régime, en adhérant aux thèses expansionnistes du pays. C'est la première raison pour laquelle ce projet algérien suscite tant d'attention au Maroc. Les médias marocains cherchent à convaincre leur audience que le Maroc n’a signé ni ratifié aucun document reconnaissant la souveraineté algérienne sur des territoires que les Marocains estiment leur appartenir.

La seconde raison s'inscrit dans le cadre d'une guerre de 4e génération que le Maroc mène contre l'Algérie. Il s'agit de discréditer systématiquement les réalisations algériennes et de semer le doute au sein de la société algérienne, dans le but de démoraliser les forces vives de la nation.

Enfin, la troisième raison réside dans le fait que le Maroc perçoit ce projet d’un mauvais œil, car il transformera la région de Tindouf en l’une des zones les plus prospères d’Algérie. Les retombées socio-économiques positives de ce projet sur tout le sud-ouest algérien porteront un coup dur à la propagande marocaine, qui s’appuie largement sur le marketing et la publicité autour des prétendues réalisations de Mohammed VI, notamment au Sahara occidental.

3) Le Maroc est-il vraiment dans son bon droit ?

Comme bien souvent, le Maroc expansionniste n’est pas fondé dans ses revendications territoriales.

Le Président algérien Tebboune avait d’ailleurs plaisanté à ce sujet lors d’une conférence de presse, en déclarant :

"les marocains revendiquent tout ce qui peuvent voir, et réclament la moitié de ce dont ils ont entendu parler"
اللي شافوه نتاعهم و اللي سمعو بيه عندهم فيه النص

Le Maroc n'est donc pas légitime dans sa démarche, et cela pour deux raisons :

A) Histoire : 

D’un point de vue historique, les territoires de la wilaya de Tindouf, revendiqués par les Marocains, n'ont jamais fait partie du Maroc. Cela vaut d'ailleurs pour l'ensemble du territoire algérien. Si les Marocains souhaitent établir un bilan historique, ils pourraient être surpris d'apprendre que c’est l’Algérie qui a perdu 100,000 km² de ses terres, cédées par la France au Maroc en 1845 (cf. Traité de Lalla Maghnia). Par ailleurs, le Docteur Mohamed Doumir a publié une vidéo sur YouTube expliquant en détail que le Maroc n'a aucun droit historique sur Tindouf.



B) Droit international : 

Selon le droit international, le Maroc n'a aucun droit sur la mine de Gara Djebilet, ayant signé et ratifié la convention du 15 juin 1972 relative au tracé des frontières. Ainsi, le Maroc reconnaît la souveraineté pleine et entière de l'Algérie sur la mine de Gara Djebilet.


De plus, contrairement aux affirmations marocaines, il n'existe aucun lien de causalité entre la convention sur le tracé des frontières et celle sur la coopération entre l'Algérie et le Maroc pour l'exploitation de la mine de Gara Djebilet : ce sont deux accords distincts. Autrement dit, le non-respect de la convention de coopération pour la mise en valeur de la mine de Gara Djebilet n’entraîne en rien l’annulation de la convention sur le tracé des frontières, et inversement.
 


4) La convention signée en 1973 est-elle vraiment contraignante pour l'Algérie ?



Examinons de plus près la fameuse convention de coopération entre l’Algérie et le Maroc pour l’exploitation de la mine de Gara Djebilet. Du côté marocain, certains « spécialistes » en droit international affirment inlassablement que cette convention est contraignante pour l’Algérie et que le Maroc pourrait porter plainte contre l’Algérie. Par ailleurs, d'autres « experts » marocains vont jusqu'à menacer d'une invasion terrestre pour « récupérer » les wilayas de Béchar et Tindouf.

Dans la section B de l'article 17 de cette convention, traitant des litiges pouvant découler de la coopération entre les parties algérienne et marocaine, on peut lire que la compétence du tribunal arbitral se limite aux différends liés à la gestion et au fonctionnement de la S.A.M. (Société algéro-marocaine) ainsi qu’aux litiges de nature technique ou commerciale. De plus, le tribunal arbitral n’est pas habilité à interpréter la convention elle-même.


On peut dire que les négociateurs algériens ont fait preuve d'une grande perspicacité dans cette affaire, car il n'existe aucun recours possible pour la partie marocaine. En effet, aucun tribunal n'est compétent pour interpréter la convention, et la S.A.M. n’a jamais vu le jour.

Nous renvoyons donc la question aux soi-disant « spécialistes » marocains, tels que Manar Slimi et autres imposteurs qui pullulent sur les plateaux de télévision et les réseaux sociaux : pourriez-vous nous éclairer ? Comment envisagez-vous d’attaquer l’Algérie devant le tribunal arbitral de Genève ?

5) Conclusion :

Contrairement à ce qu’affirmait un jour Joseph Goebbels, ce n’est pas en répétant un mensonge mille fois qu’il finit par devenir une vérité. L’appareil médiatique marocain tente d’imposer sa propre version des faits, qui n’a aucun lien avec le droit international. Cet article a démontré que la position marocaine n’est fondée sur aucune réalité tangible, mais relève plutôt de vaines gesticulations qui ne changeront en rien la situation sur le terrain. Le projet de Gara Djebilet a été lancé en partenariat avec nos alliés chinois, et rien ne pourra l’arrêter.

La propagande médiatique marocaine continuera de colporter ses mensonges pour répondre à la consommation interne et maintenir le peuple marocain sous illusion. En Algérie, cette propagande est sans effet sur notre détermination à avancer, pour faire de notre grand pays une puissance émergente, capable de garantir paix, stabilité et prospérité à tous les peuples amis de la région.






(2) : Extrait journal officiel algérien du 15 juin 1973 contenant la convention relative au tracé des frontières et la convention de coopération entre l'Algérie et le Maroc pour la mise en valeur de la mine de Gara Djebilet : https://www.joradp.dz/FTP/Jo-Francais/1973/F1973048.pdf


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