Le Maroc devrait faire preuve de plus d'humilité, tant qu'il reste sous la merci de l'Algérie, en ce qui concerne son approvisionnement en gaz depuis l'Espagne
Le Maroc devrait faire preuve de plus d'humilité, tant qu'il reste sous la merci de l'Algérie, en ce qui concerne son approvisionnement en gaz depuis l'Espagne
Depuis l'arrêt du gazoduc Maghreb-Europe (GME), le 1er novembre à 0h00, à la suite d’une décision souveraine de l’Algérie qui souhaitait sanctionner le royaume du Maroc, pour sa politique hostile et belliqueuse à l’endroit de notre pays, une crise énergétique sans précédent s'est installée durablement au Maroc.
La conséquence directe de l'arrêt des approvisionnements en gaz naturel de l'Algérie a été l'arrêt de 2 centrales électriques à gaz, qui représente, à elles seules, 15% de la production totale d'électricité au Maroc. Les centrales électriques de Tahaddart (30 km au sud de Tanger) et Aïn Beni Mathar (près de Jarada), construites respectivement en 2005 et 2010, étaient approvisionnées en gaz naturelle via le gazoduc Maghreb-Europe (GME). L’arrêt de ces 2 centrales électriques majeures alimentées grâce au gaz algérien, a montré la forte dépendance du Maroc vis-à-vis de ses voisins, espagnols et algériens. Le Maroc a essayé compenser l’arrêt de ces centrales électriques, par une importation massive d’électricité d’Espagne payé au prix fort, et surtout par beaucoup de délestage d’électricité dans plusieurs quartiers populaires marocains. L’autre conséquence de l’arrêt du gaz naturel algérien, c’est le départ massif et précipité, de plusieurs multinationales étrangères, car l’énergie coûtera nécessairement plus cher au Maroc. Cette nouvelle donne fait beaucoup de mal au Maroc, car il perd un avantage compétitif de taille qui attirait beaucoup de multinationales. Par ailleurs, le départ des multinationales n’a pas été le seul impact de l’arrêt du gazoduc GME sur le Maroc, le Maroc a connu une inflation sans précédent, à la fin de l’année 2021, qui s’est accentuée en 2022. Entre octobre 2021 et juin 2022, le Maroc a observé une inflation de 23% (en année glissante) !
Contrairement à la propagande marocaine, la crise énergétique dans laquelle s’est empêtrer le Maroc tout seul, suite à sa politique hostile, agressive et irrationnelle envers notre pays, a permis de mettre en exergue l’amateurisme et l’absence de vision à long terme concernant la sécurité énergétique du royaume du Maroc (le Maroc n'avait pas de plan B pour remplacer le gaz algérien à court terme) : on se rappelle tous, qu’au mois de mai 2021 lors de la crise migratoire dans la ville espagnole de Ceuta, c’était le Maroc qui menaçait l’Espagne de ne pas renouveler le contrat du gazoduc GME.
Grâce à l’Algérie, le Maroc utilisait de temps à autre, la carte du gaz pour menacer l’Europe. Grâce à la bonté de l’Algérie, le Maroc s’est vu propulsé comme un acteur important dans l’équation énergétique européenne, ce qui lui a permis de créer une industrie qui n’existait pas avant 1995 au Maroc. Il faut croire que le Maroc n’a pas bien évalué la fragilité de sa position, et surtout les marges de manœuvres que possèdent l’Algérie en termes d’indépendance dans la prise de décision. Ce qui a induit en erreur le Maroc, c’est qu’elle a cru que l’Algérie était comme lui, un état vassal créé par la France (cf. le général Lyautey créateur du Maroc) et qui obéit aux ordres des puissances impérialistes.
Après plusieurs mois de lamentations et de supplications, et surtout grâce au coup de pouce décisif de l’application espion « Pegasus », le Maroc a exercé un chantage sur Pedro Sánchez et son épouse, ce chantage a permis au Maroc de faire changer la position espagnole sur le dossier du Sahara Occidental en sa faveur et d’accepter également de mettre en péril son partenariat stratégique avec l’Algérie pour alimenter en gaz le royaume du Maroc avec 1 milliard de mètre cube ! Une quantité négligeable qui ne représente que 2% de la consommation annuelle en gaz naturel de l’Espagne.
Depuis fin juin, la société espagnole Enagas a annoncé le début de livraison de gaz naturel de l’Espagne vers le Maroc en utilisant le gazoduc GME, les espagnols confirment que le gaz livré au Maroc est issu de la transformation de quantités de GNL achetés par le Maroc sur les marchés internationaux et transformés en gaz dans les unités de regazéification espagnoles, puis injectés dans le gazoduc GME. Il faut rappeler que l’Espagne n’a pas le droit de céder le gaz algérien pour aucune partie tierce, sans l’accord préalable de l’Algérie.
À la suite de cette annonce, nous avons vu beaucoup d’articles dans la presse marocaine qui exprimaient la joie et la fierté des Marocains d’avoir damer le pion à l’ennemi algérien. Factuellement, peut-on dire que le Maroc a damé le pion à son aux algériens ? Peut-on dire que le Maroc a pu garantir sa sécurité énergétique ? Peut-on dire qu’à la suite de cette opération, l’énergie est moins chère qu’avant l’arrêt du GME au Maroc ?
En Algérie, nous ne comprenons pas ces manifestations de joie et de satisfaction, car l’Algérie a réussi son pari :
1- Le Maroc paye son énergie beaucoup plus chère qu’avant (c'était le principal objectif de l'Algérie) : le GNL coûte 35% plus cher que le gaz naturel qui arrive dans des gazoducs, il faut ajouter à ce coût le transport par bateau, et le prix de l’utilisation des usines espagnoles pour la regazéification – d’après nos estimations, le Maroc paye son énergie 250% plus qu’avant l’arrêt du gazoduc GME.
2- En plus de 7% du gaz naturel qui transitaient par le gazoduc, l'Algérie payait au Maroc des droits de passage annuels estimés à 200 millions de $, suite à l'arrêt du GME, l'Algérie économise annuellement cette somme ; c'est également un manque à gagner énorme pour les caisses marocaines.
3- Le Maroc est sous la merci des Espagnols, alors qu’avant c’était le Maroc qui livrait du gaz algérien à l’Espagne : le paradigme a complètement changé, c’est l’Espagne qui a aujourd'hui, une carte de pression sur le Maroc.
4- La sécurité énergétique du Maroc ne dépend pas du Maroc et des marché internationaux, le Maroc dépend d’abord de la capacité de l’Espagne de regazéifier son GNL acheté sur les marchés internationaux. Comme l’Espagne dépend à 30% du gazoduc algérien MedGaz, car les unités de regazéification de l’Espagne couvrent uniquement 70% de ses besoins, il apparait évident qu’en cas d’arrêt de livraison de gaz algérien, l’Espagne ne sera plus en mesure de traiter le GNL acheté par le Maroc sur les marchés internationaux, car elle préferera alimenter son marché intérieur au lieu de livrer du gaz au Maroc
5- Si l'Espagne venait à être sollicité par un pays européen, afin d'utiliser ses capacités de regazéification, les pays européens seront toujours prioritaires par rapport au Maroc.
En conclusion, par une politique irrationnelle et mégalomane, le Maroc a tout perdu sur le plan de la sécurité énergétique. La crise entre la Russie et l’Ukraine, a permis à l’Algérie de renforcer sa position sur le marché européen, en tant qu’acteur incontournable de l’équation énergétique européenne. Le Maroc quant à lui est exclu définitivement de cette équation.
Le Maroc dépend très fortement des capacités de regazéification de l’Espagne qui dépend elle-même des livraisons de gaz algérien via le gazoduc MedGaz. Un accident ou un arrêt du contrat MedGaz signifie l’arrêt des livraisons de gaz de l’Espagne vers le Maroc, car l’Espagne choisira toujours de fournir ses citoyens et ses entreprises, plutôt que d’exporter du gaz vers le Maroc. Les Marocains seraient donc plus avisés à faire preuve de beaucoup d’humilité, et de cesser de provoquer l’Algérie avec des victoires imaginaires.
Merci Belgacem pour tous ces eclarcissements
RépondreSupprimermerci à vous
SupprimerBelgacem bjr, bonne continuation
RépondreSupprimermerci pour votre commentaire
Supprimer